Le printemps, qui s’est longtemps fait désirer, annonce à nos lecteurs un dossier de dégustation sur un des cépages rois d’une région très appréciée des belges: le gewurztraminer d’Alsace. Contrairement à cette nouvelle saison, ce cépage à maturité précoce reflète à merveille l’esprit alsacien; convivial, généreux et charmeur mais parfois excessif. A l’abri des Vosges, ce “Gentil rose” profite d’un bel ensoleillement. La pluviométrie, parmi les plus basses de France et les arrière-saisons exceptionnelles, favorisent son épanouissement et lui permettent même d’attendre, sans risques majeurs, la surmaturation.
Au sud de l’hexagone, les vignerons apprécieraient davantage de pluie. Les vignes sont écrasées de soleil et il faut rivaliser d’efforts et de savoir-faire pour offrir au consommateur des cuvées qui concervent une certaine fraîcheur et un bon équilibre. Cet exercice de style semble être bien maîtrisé du côté du Minervois ou les différentes cuvées affichent certes une concentration et un caractère bien “sudistes” mais le degré d’alcool assez élevé et la charge tannique sont bien domptés.
A Madiran, le tannat était jadis “réputé” pour être à l’origine des vins les plus concentrés voire exigeants de l’hexagone. Ici aussi, un travail plus pointu à la vigne, des vinifications mieux maîtrisées, des élevages sous bois mieux dosés et l’apport d’autres cépages ont permis à ces cuvées exceptionnelles de se présenter avec davantage de charme sous un caractère sensiblement assagi.
La deuxième appellation de la région, qui contraste avec ces vins plutôt masculins, offre toute la finesse et l’élégance des plus grands vins liquoreux: Le Pacherenc du Vic-Bilh (qui existe également en sec) offre un festival de saveurs extraordinaires aux œnophiles avertis et privilégiés qui pourront en obtenir quelques précieux flacons.
Si la France est riche de ses multiples terroirs et appellations il nous faut reconnaître que les vignerons de Madiran arborent deux casquettes joliment colorées et particulièrement contrastées.
Michel Praet
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