Une palette de couleurs multicolores et une corbeille de fruits bien garnie, se retrouvent dans notre guide de printemps et l’hiver, qui a cette année joué les prolongations, ne restera je l’espère qu’un mauvais souvenir. Des rafraîchissants vins secs aux liquoreux les plus envoûtants, des vins rouges, croquants de fruits, gouleyants et conviviaux aux cuvées exceptionnelles de complexité et de concentration, la palette des vins proposés dans ce numéro ne manque pas d’étoffe.
Pas de sur-extraction, ni de boisé envahissant et encore moins des tarifs prohibitifs dans les vins de Graves, voisin des prestigieux, voire prétentieux Pessac-Léognan. Des rouges francs et friands et des blancs nets et incisifs, tous croquants de fruits, sont proposés dans cette appellation très séduisante. Les vins se dégustent tantôt avec recueillement, ou Corbières se boivent simplement pour le plaisir d’une table conviviale entre amis.
Le vignoble de Bergerac, peu épargné ces dernières années par les aléas du climat, propose toutefois des vins d’une qualité constante. La difficulté est surtout aujourd’hui de satisfaire à la demande car bon nombre des vignerons ont dû se contenter d’une demirécolte voire moins, ces trois dernières années.
L’enthousiasme du comité de dégustation pour les vins de Corbières fût tel, qu’il me faut le souligner. La qualité d’ensemble et la superbe de certaines cuvées exceptionnelles et parfaitement vinifiées sont remarquables. Un festival de fruits et d’épices est promis à l’œnophile exigeant dans ces cuvées qui ne souffrent pour la plupart d’aucun défaut. Une concentration exemplaire et jamais excessive, des élevages sous bois parfaitement maîtrisés et respectueux de la typicité des vins et un équilibre parfait. L’excès d’alcool de certaines cuvées d’antan, fait désormais partie de lointains souvenirs capiteux.
Les caves coopératives, souvent spécialisées dans des cuvées gourmandes d’un excellent rapport plaisir/prix proposent également aujourd’hui des cuvées haut de gamme, soulignant un travail très pointu et une ambition qui se retrouve dans des crus de caractère qui ne cèdent pas forcément à la facilité et résolument destinés à un public de connaisseurs.
Peu médiatisée ou mal représentée par quelques pâles cuvées disponibles en grande surface, l’AOC Fitou, ne semble plus “modeste” que par son nombre de vignerons tant la qualité proposée aujourd’hui est grandissante.
Itinérant dans les appellations françaises, tant elles sont nombreuses et variées, nos dossiers de dégustations soulignent l’évolution du vignoble et la constante nécessité de remettre en question nos préjugés et appréciations.
Dans un domaine en perpétuel mouvement, constamment empreint de succès, de désillusions voire d’échecs, de moments d’euphorie ou de doute, la production d’un vin de qualité dépendra toujours de la nature, d’un savoir faire héréditaire et rigoureux mais également des modes de consommations. Rien ne sera jamais gagné d’avance...
Michel Praet
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