J’en ai marre d’avoir froid! J’en ai marre qu’en Belgique, même après la pluie, le beau temps ne revient plus!  J’en ai marre de ces saisons décalées qui apportent le gel au printemps et la grêle en été! J’en ai marre du réchauffement climatique qui oblige les vignerons à vendanger toujours plus tôt une récolte trop souvent menacée! J’en ai marre d’entendre que la nappe phréatique se réduit à peau de chagrin et de voir des pieds de vignes qui ont soif quand les terrains de golf sont copieusement arrosés. J’en ai marre d’entendre que de grandes maisons bourguignonnes profitent de leur réputation pour vendre n’importe quoi à des prix prohibitifs aux buveurs d’étiquettes, tandis que des vignerons d’appellation méconnues peinent à vendre des vins authentiques et de qualité à 5 euros. J’en ai marre aussi de l’amalgame que feront les œnophiles non avertis qui décrèteront une fois encore que tous les producteurs «chipotent».  J’en ai marre de voir avec quelles difficultés se vendent certains vins de caractère, car il leur manque 1% de mourvèdre pour être, d’après les «cols-cravates» de l’INAO, estampillés AOC. J’en ai marre de ces cuvées où l’on suce la planche pour apporter un je ne sais quoi de supplément d’âme en totale inadéquation avec celui du terroir. J’en ai marre de ces vins technologiques qui sont si souvent bons mais jamais exceptionnels.

Mais… ne vois-je pas poindre ici un rayon de soleil? Tout s’éclaire et l’ambiance devient plus chaleureuse, plus conviviale. 

Les vignerons ont gardé le sourire car si les vendanges et les vinifications ne furent pas aisées, les vins leur ressemblent; le terroir et le cépage s’expriment sans réserve dans ces jolies cuvées de caractère. Nul doute que ces bouteilles de qualité trouveront sans difficulté acquéreur auprès des dégustateurs les plus exigeants. 

Les sancerres magnifient le sauvignon qui livre tout en finesse sa fraîcheur et sa minéralité. L’appellation est certes mondialement réputée, mais les vignerons ont su garder la tête sur les épaules, de la terre sous les ongles et une production d’un rapport plaisir-prix toujours séduisant. Sur notre planète vin, la rencontre avec un extra-terrestre est une expérience rare. Alphonse Mellot, personnage emblématique du piton rocheux, produit des sancerres hors du commun. Des blancs puissants, séveux et complexes et des pinot noirs à faire pâlir bien des producteurs bourguignons!... 

Non les Corbières ne sont plus astringents! Ils ne sont plus lourds, ni trop tanniques, ni trop alcooleux. Ça, c’était il y a plus de 20 ans, quand on en achetait de piètres représentants en grande surface. Ils ont aujourd’hui gagné en finesse; les tannins sont élégants, les fruits et les épices se livrent de concert et l’excès d’alcool est bien maîtrisé. Un parfait équilibre que l’on retrouve ici aussi dans les tarifs car nul besoin de dépenser des fortunes pour se faire plaisir.